Comment lutter, quand on est enfant, contre la misère et la pollution ? Comment se sentir moins impuissant face à ces grands problèmes ? Le podcast L’Odyssée des droits est une aventure qui donne des pistes pour comprendre que chacun peut agir. Rencontre avec celle qui est à l’origine de ce voyage audio : Amélie Julien-Laferrière, enseignante et volontaire pour ATD Quart Monde.

Un podcast et un kit pédagogique

S’adressant aux enfants à partir de 7 ans, L’Odyssée des droits est un voyage audio mettant en scène deux jeunes héros, préoccupés par la pauvreté et la pollution. Ainsi Aude et Issé partent à la découverte d’enfants qui ont réussi à réaliser ce qui leur tenait à cœur pour exercer leurs droits. Cela seul, ensemble ou avec l’aide d’adultes. Dans leur sillon, Aude et Issé invitent leurs petits lecteurs à réfléchir, créer et agir à leur tour.

Ce podcast est issu du dossier pédagogique créé pour la Journée mondiale du refus de la misère par le Collectif France 17.

Comment est venue l’idée d’adapter L’Odyssée des droits en version audio ?

L’idée au départ est venue d’une petite fille, Mélodie, que j’ai entendue lire sur des épreuves d’évaluation nationale. J’ai trouvé que cette élève était une excellente lectrice. Elle y mettait beaucoup de cœur et d’implication. Or je venais de lire L’Odyssée des droits et je me suis dit que je la verrais bien en train de raconter l’histoire à travers le personnage d’Aude. L’autre héros est interprété par un autre de mes élèves que j’imaginais bien dans le personnage d’Issé. Je le sentais capable d’interpréter ça avec plaisir et simplicité.

J’ai donc soumis l’idée d’une version audio à l’association ATD Quart Monde, qui a été séduite par le projet. Puis j’ai embarqué mes deux élèves dans l’histoire pour interpréter les deux héros. Nous avons enregistré le podcast juste avant les grandes vacances.

Cette aventure audio a-t-elle plu aux deux jeunes acteurs ?

Oui il y ont pris beaucoup de plaisir ! Ça a été une surprise, je ne pensais pas que ce serait aussi simple pour eux d’enregistrer. Il fallait lire, se réécouter, jouer des rôles sans avoir beaucoup travaillé avant. Mais ils ont interprété le texte avec une aisance incroyable. Juste après l’enregistrement, ils avaient un retour direct sur leur production. Cela leur a permis de tout de suite faire évoluer leur interprétation. Ils ont été tout à fait capables de s’évaluer, de dire s’il fallait recommencer la prise ou pas. C’est ce qui était très intéressant pour eux.

Ils ont été vraiment dans les personnages. En ce moment, ils sont en train de travailler à l’école sur le podcast avec leurs camarades de classe. Les élèves de cinq classes différentes écoutent l’histoire lue par Aude et Issé et par les autres personnages.

Quels ont été les retours des enfants auditeurs ?

Ils ont beaucoup aimé le podcast et ont été très motivés. Écouter c’est bien plus facile pour certains (pour des petits lecteurs ou des lecteurs en difficulté notamment). Le fait que l’histoire soit interprétée par des enfants et, en plus, des enfants qu’ils connaissent a suscité grandement leur intérêt. Les enfants sont extrêmement sensibles à la grande pauvreté et à la misère. L’enjeu pour eux était de ne pas rester dans la constatation, dans quelque chose de triste.

“Pour le enfants, il s’agit de comprendre que eux aussi ont le pouvoir d’agir, à leur échelle dans plein de petites choses qu’ils vivent au quotidien, à la maison, à l’école ou entre amis.”

Dans le podcast on peut entendre des exemples d’enfants qui ont agi contre la misère sociale et écologique. Est-ce que ça a inspiré les jeunes auditeurs ?

Étant enseignante spécialisée, je travaille avec tous les niveaux de classe de l’école et j’anime des débats comme des débats philo. Pour l’instant, j’ai fait écouter le podcast aux CM1 et CM2 car nous travaillons sur le pouvoir d’agir. Suite à cette écoute, je leur ai demandé comment ils pouvaient agir à leur hauteur. Beaucoup d’idées ont fusé. Au départ, ils se disaient qu’ils ne pouvaient rien faire face à des enjeux comme la pauvreté ou l’écologie. Ils étaient davantage dans la constatation des choses qui seraient à faire mais sans s’impliquer, sans s’imaginer que eux aussi pouvaient agir, participer.

À force d’en discuter, petit à petit, des idées ont germé, comme réutiliser les cartons que les parents reçoivent lorsqu’ils commandent des choses. Avec ces cartons ils ont eu l’idée de construire des abris pour les animaux. Ils ont aussi eu l’idée de ramasser les déchets. Suite à ces discussions, nous sommes en train de lancer un projet dans l’école qui s’appelle “Silence, on agit, en clin d’œil à l’association Silence, on lit ! (qui propose un quart d’heure de lecture fait par les adultes pour les enfants).

Nous proposons une minute de silence durant laquelle les enfants rendent la cour plus belle. Cela passe par ramasser les déchets et les affaires qui traînent. On espère que cette initiative se développera dans d’autres écoles aussi !

L’Odyssée des droits a été créée dans le cadre de la Journée du refus de la misère. Cela a-t-il donné envie aux élèves d’y participer ?

Comme je vais m’y rendre, je vais relayer toutes les idées que les enfants ont eues, notamment sur le gaspillage alimentaire et le tri. Ce sont des choses qu’on a déjà mises par écrit ensemble puis qu’on va inscrire sur un drap. Ce drap sera ensuite utilisé pour faire la grande voile du 17 octobre, selon le symbole du bateau choisi cette année par l’association.

Pour en savoir plus sur la Journée mondiale du refus de la misère : Le 17 octobre, ne manquez pas la Journée mondiale du refus de la misère !

Après l’écoute du podcast, réfléchir à des idées pour lutter, à son échelle, contre la misère doit aider les enfants à se sentir moins impuissants ?

Tout à fait, j’ai pu le constater lors des débats que j’ai animés avec eux. C’était d’ailleurs assez exceptionnel parce qu’à la fin des séances, ils me remerciaient. Ce n’est pas quelque chose qu’ils font très naturellement à chaque fois qu’on travaille ensemble ! J’ai senti que ça leur avait fait du bien, ils ont pris conscience de certaines choses. Pourtant ce n’est pas moi qui ai trouvé les idées, j’ai laissé les enfants parler et échanger. Ils étaient fiers et heureux de comprendre qu’ils avaient le pouvoir d’agir de façon très concrète. C’était chouette. Il faut que ça continue, on a pas fini d’en parler !

Propos recueillis par Élodie Dubuis


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