« C’est le loup ! » A ce moment de l’histoire, les petits se serrent contre l’adulte qui leur lit l’histoire, les yeux grand ouverts, tout à leur hâte de savoir la suite. D’où leur vient la peur du loup et à quoi sert-elle ?

Une figure culturelle

La peur du loup est très culturelle. Dans les contes de notre patrimoine, et encore aujourd’hui dans certains albums, le « grand méchant loup » est une figure de croquemitaine comme il y a en a dans toutes les cultures. Traditionnellement, les adultes l’invoquaient pour effrayer les enfants, les mettre en garde des dangers, et les faire obéir : « Si tu vas dans la forêt, si tu t’écartes du chemin, le loup te mangera ! »

Pourquoi le loup ? Parce qu’en France, comme dans beaucoup d’autres pays d’Europe, le loup était le plus grand prédateur, la bête à abattre qui pullulait dans les forêts. Dans les contes russes et scandinaves, c’est l’ours !

Un loup qui fait grandir

La figure du Grand Méchant a une fonction essentielle, explique Ghislaine Chagrot, du Centre national de la littérature pour la Jeunesse, de la Bibliothèque Nationale de France : « Elle incarne la peur qui sourd dans tout être humain. Le Loup donne une forme à la peur, elle devient concrète. La peur vise alors un objet extérieur identifié, contre lequel on peut se défendre. Alors qu’une peur sans mots demeure angoissante, sans qu’on ait de prise sur elle. »

Plus profondément encore, certains contes traditionnels sont construits sur des chaînes de dévoration. Ils mettent ainsi en scène cette peur profonde et ambivalente qui n’est autre que celle de la séparation d’avec la mère : « l’enfant apprend ainsi à se différencier pour accéder à son identité propre. »

Une peur jubilatoire

Les récits qui intègrent des ruptures dans le rythme narratif jouent avec le surgissement inattendu et excitant de la surprise. Même les comptines sont construites ainsi : pensons à « Ah dada sur mon bidet » ou « La petite bête qui monte ». Et les enfants en redemandent ! Pas surprenant, car la répétition leur permet de surmonter leurs peurs  : même lorsqu’ils savent exactement à quel moment le loup apparaît et ce qu’il se passe ensuite, ils le redoutent tout en jubilant à l’avance.

Dans les albums actuels, tout le talent des auteurs et des illustrateurs de jeunesse réside dans le jeu sur ces émotions, sans en faire trop, ni pas assez. Pour traverser sans encombre ces sentiments contradictoires, la présence de l’adulte est importante : lui saura estimer si la peur est ajustée à l’âge de l’enfant et à son caractère. Lui saura également le rassurer, en modulant sa voix et en le prenant sur ses genoux.

Il est bien-sûr important de choisir des histoires adaptées à l’âge des enfants. Et pour les contes audio, préférer ceux qui sont lus par des comédiens professionnels qui, avec tact, savent faire frissonner tout en mettant la peur à distance…

Anne Bideault


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