Non-Non est un ornithorynque qui va de l’avant, entouré d’amis qui ont chacun leurs qualités (et… leurs défauts). Non-Non est positif, il prend la vie du bon côté, même si se frotter à la réalité n’est pas toujours facile. Bayam diffuse les épisodes de la série animée, mais à l’origine, Non-Non est né sous la plume de l’autrice-illustratrice Magali Le Huche. Passer du papier à l’écran, est-ce simple ?

Vous faites des albums, ils font des séries animées. Confier sa création à d’autres, est-ce facile ?

C’est une affaire de confiance, de rencontre, d’atomes crochus. Avec Mathieu Auvray (réalisateur), Léonie De Rudder (co-autrice de la bible littéraire et directrice d’écriture) et les scénaristes, on s’est vraiment trouvés dans l’esprit comme dans l’univers ! Je fais confiance à Mathieu, il s’est emparé de Non-Non dans un style qui lui est propre. L’effet pâte à modeler, par exemple, n’a rien à voir avec mon style graphique mais correspond hyper bien au personnage de Non-Non.

J’éprouve beaucoup plus de gêne quand c’est de l’animation « à ma façon », cherchant à reproduire mon trait. Je me dit « Ah mais non, ce n’est pas tout à fait ça ! ». Là, je reconnais mes personnages, ce sont bien eux, mais dans un autre genre. Bref, je sens Non-Non en de très bonnes mains : il a beaucoup de chance que tant de monde s’occupe si bien de lui !

La série animée ne peut qu’enrichir son existence de papier.

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Il y a des passerelles entre le livre et l’écran, entre l’écran et le livre ?

On a élaboré la « bible littéraire » de la série ensemble, puis l’équipe me présente les pitchs : car Non-Non vit à l’écran d’autres aventures que dans les albums. J’ai le regard extérieur, ça se passe très bien ! Et par ailleurs, j’ai co-scénarisé certains épisodes avec la scénariste Pauline Pinson. J’adore ce truc un peu absurde qu’elle a dans l’écriture. Si bien qu’on a aussi co-signé un album, Non-Non a très honte.

Il faut dire que le rythme d’une série et celui de l’édition ne sont pas les mêmes. Une série, c’est à la fois lent et très rapide : il faut 56 épisodes, alors que je suis loin d’avoir publié 56 livres ! Dans la série, il se passe donc beaucoup de choses qui enrichissent l’univers de Non-Non et que je réutilise ensuite dans les livres.

Non-Non se lance même dans des moyens-métrages…  

Oui, deux moyens-métrages de 26 minutes, Déluge à Sous-bois-sur-Mer et celui sort bientôt, Non-Non rétrécit [NDLR : actuellement en ligne sur Bayam]. J’ai beau avoir donné mon accord sur l’idée de départ, vu le pitch et suivi les étapes, c’est toujours une découverte émouvante : je reconnais totalement mes personnages, j’y suis très attachée, et c’est émouvant de les voir vivre une aventure qui leur va parfaitement, mais à laquelle je n’ai pas participé. Je suis émue et reconnaissante de constater la fidélité des réalisateurs à mon univers. L’animation n’est pas mon métier et je leur fais entièrement confiance. Je pourrais me sentir dépossédée mais ce n’est pas le cas. Et en plus, ça me motive pour poursuivre mon travail sur les albums de Non-Non. L’un va avec l’autre, ils se répondent, du papier à l’écran !

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Vous vivez une longue histoire avec Non-Non. Depuis quand vous accompagne-t-il ?

Non Non

Depuis 2006 déjà ! À l’époque, mes éditeurs m’avaient donné carte blanche pour inventer un personnage gaffeur, pour un tout petit livre. Les séances de travail ont été très drôles ! Au final, c’est un très grand album plein de détails qui est paru, Au pays merveilleux de l’intrépide Non-Non (Tourbillon). Mais par la suite, on est revenu à l’idée initiale des petits formats à flap, jusqu’à aujourd’hui. Non-Non se questionne sur la vie quotidienne, et je suis attachée à son côté existentiel. C’est le monde de l’enfance : à la fois léger et grave.

Non-Non est certes gaffeur, mais il est positif !

Oui, il est toujours enthousiaste, sauf que la confrontation avec la réalité n’est pas simple. Il est entreprenant et indécis, se tourne vers ses amis pour être coaché, mais finit toujours par trouver une solution qui lui convient. Non-Non est fondamentalement positif, il s’emballe, puis il s’adapte pour trouver les possibles. Mes filles sont un peu comme ça, elles regrettent que les choses ne soient pas aussi bien que ce qu’elles ont imaginé.

Faire avec la réalité, ce n’est pas évident pour les enfants qui vivent parfois dans des mondes parallèles imaginaires.

C’est une chose qui ne nous quitte jamais vraiment, d’ailleurs ! Ces derniers temps, je me suis replongée dans mon propre passage de l’enfance à l’adolescence, entre la 6e et la 5e : quand j’avais fait une véritable phobie scolaire. Pour traverser cette période douloureuse, je me suis accrochée aux Beatles, qui n’étaient pourtant pas des chanteurs de mon époque. J’en ai fait une BD qui sortira en mars, Nowhere Girl, chez Dargaud. Finalement, le tout, c’est de ne pas perdre l’enthousiasme et le désir du départ. C’est la force de Non-Non. Pour la nouvelle année, il serait bien du genre à prendre de bonnes résolutions !

Propos recueillis par Anne Bideault


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