Grandir, c’est excitant ! Mais rester petit, c’est si bon, comme dans le conte La princesse qui suçait son pouce, actuellement dans Bayam. Accompagner un enfant, c’est être sans cesse pris entre ces deux désirs contradictoires et apprendre à jongler avec eux.

Tiraillés entre deux envies

C’est l’histoire d’une petite princesse qui suce tout le temps son pouce… Si bien que quand elle parle, on ne comprend pas tout. Ça n’a pas l’air de déranger ses parents. Elle est petite, voilà tout, et ils sont habitués !

Nous sommes nombreux à être, comme le roi et la reine de ce récit, tiraillés entre l’envie de voir nos enfants grandir et celle de les garder petits auprès de nous. C’est ainsi que nous sommes capables de nous exclamer coup sur coup, sans relever la contradiction  : “Dis donc, tu pourrais ranger tes affaires et t’habiller tout seul !” et “Laisse-moi faire, ça ira plus vite !” À bien y regarder, les enfants sont pris eux aussi entre un désir de grandir irrépressible et le confort de rester petit.

Accompagner les deux

Anne Ricou est rédactrice en chef du magazine Pomme d’Api, qui accompagne depuis plus de 50 ans les enfants d’âge maternelle. Elle connaît bien cette tension paradoxale qui s’empare des parents comme des enfants. Grandir et rester petit… les deux envies sont légitimes et se superposent. Quand on conçoit des contenus pour les enfants, nous cherchons le bon dosage entre ce qui permettra à l’enfant de se sentir grandir et ce qui lui offrira le plaisir de rester petit.”

Ainsi, les équipes prennent bien soin de proposer des bricolages, des coloriages, des programmes qui ne mettront pas l’enfant en échec, quel que soit son âge, sans pour autant qu’un plus grand ait l’impression que “c’est pour les bébés”. Cela vaut pour la vie de famille également. S’écrier “Ah, mais quel bébé tu fais !” est humiliant et contre-productif.

Des élans à repérer

“Avant les vacances, mon fils, d’habitude très indépendant, réclamait des câlins, voulait être porté, ne voulait plus s’habiller seul, s’étonne Emmanuelle. Mais il est vaillamment parti chez ses grands-parents, seul pour la première fois.” Il n’est pas rare qu’à l’approche d’une étape, qui marque un palier dans la croissance, un enfant traverse une phase de régression. “Autant y être attentif et ne pas lésiner sur les câlins, conseille Anne Ricou. Car grandir, consciemment ou inconsciemment, ça fait un peu peur.”

Bien lové dans les bras rassurants de ses parents, l’enfant prend son élan. Avec plein d’assurance, la petite princesse de l’histoire de Bayam déclare distinctement à son père  : “Que croyais-tu que je faisais en suçant mon pouce ? Je m’entraînais à bien parler !”

Anne Bideault

© La princesse qui suçait son pouce, Les Belles Histoires des tout-petits, Bayard Éditions, 2010


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