Noël = cadeaux. L’équation satisfait de moins en moins de familles. Mais ce n’est pas parce qu’ils ne déballeront pas « des cadeaux par milliers » que nos enfants ne seront pas heureux !

Des rituels

« Ce qui rend nos petits-enfants heureux, c’est la répétition. Et de savoir que quand leurs parents étaient petits, c’était pareil pour eux aussi. Ça fait quarante ans que les rennes font de drôles de bruits dans le couloir le soir de Noël, et, à chaque naissance, tout le monde se dit “Chic, les rennes vont devoir faire du bruit dans le couloir encore un bon moment…” » Geneviève résume bien le rôle des rituels familiaux dans la transmission d’une culture. Les éléments de décoration, les menus, les habitudes, l’évocation des Noëls précédents, tout cela contribue à créer une sorte de mémoire collective, familiale, que les enfants ont plaisir à s’approprier, à retrouver puis à perpétuer. « Tu crois que mamie aura sorti ses anges en bois pour mettre les bougies ? » demande Mirella, presque inquiète. Sa maman n’a pas de mal à la rassurer : mamie les aura sortis, c’est certain ! Il y a aussi des habitudes nouvelles qui se prennent, au gré de l’agrandissement de la famille, de l’arrivée de nouveaux conjoints et de l’inspiration du moment… Ainsi, Anne-Sophie et son mari ont-ils emmené leurs trois enfants à la piscine le matin du 24 décembre l’an passé. Pas question d’y couper cette année : « C’est ce à quoi ils tiennent le plus désormais !»

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https://www.youtube.com/watch?v=YoX-BoE2DKM

Être ensemble

« Ce que mes enfants préfèrent, à Noël, c’est retrouver les cousins et cousines », confie Sandra, mère seule de deux garçons. De fait, pour l’immense majorité des familles, Noël se fête en rassemblant les générations, comme pour confirmer le lien, l’attention et l’affection qu’on se porte. Prendre du temps ensemble est pour beaucoup le principal. Dans la belle-famille de Sylvie, Noël rassemble plus de 50 personnes. À tel point qu’il faut louer une salle, attenante à un gymnase : « cela plaît énormément aux enfants : il y a de l’espace pour jouer, les plus grands gérant les plus petits donc peu d’interventions des parents, des jeux de société, etc. On finit par faire des matchs de foot où petits et grands se mêlent ! Au-delà du cadeau qu’ils reçoivent à ce moment-là, c’est ce lieu qui leur plaît et la manière dont ils se l’approprient avec les autres enfants. » Les adultes, ce jour-là, sont rappelés par leur propre enfance. « Le 25 décembre, c’était le seul jour de l’année où nos parents jouaient avec nous, se souvient Julie, aujourd’hui mère de famille. Peu m’importaient les cadeaux, ce qui me réjouissait, c’était de voir mon père à genoux dans le salon en train de construire des Lego avec nous. »

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Quel sens ?

Que leurs familles soient croyantes ou non, les enfants questionnent aussi le sens de cette fête : c’est la fête de quoi ? Pourquoi c’est en hiver ? Pourquoi on offre des cadeaux ? La conscience écologique étant aujourd’hui de plus en plus vive, certains portent un regard critique sur la frénésie de consommation. Ainsi Charles, élève de CM2, écœuré, a montré à sa maman, la vidéo d’une YouTubeuse, montrant ses deux fils en train de déballer à la chaîne des montagnes de cadeaux : « Tu te rends compte ? Ça ne sert à rien ! C’est débile ! Ils ne vont même pas y jouer ! » Certaines familles choisissent de limiter les achats, en privilégiant la sobriété, la seconde main, ou les cadeaux expérience. Sylvie emmène ses trois enfants au spectacle : « À fête familiale, cadeau familial ! » Syrielle offre à chacun de ses neveux campagnards « un bon pour une journée ensemble en ville ». Adélie, alors en classe de 6e, a été très marquée par le cadeau que lui ont fait ses parents : « un restau puis une pièce de théâtre tous les trois, sans mes petits frères ! J’ai adoré ! » Et puis parfois, la quête de sens prend une autre dimension. Les jumelles de Caroline, âgées de 7 ans, ont été transformées par leur dernier Noël :

« On a rencontré un monsieur qui vivait dans sa voiture, tout seul le soir de Noël. Notre papi l’a invité pour le réveillon, et il est resté quelques jours. On a partagé notre Noël. »

 

Anne Bideault

 


Retrouvez dans Bayam notre sélection de contenus de Noël et le podcast de Pomme d’api 24 histoires pour attendre Noël. Chaque jour, une nouvelle histoire pour patienter avant Noël (du 01 au 24 décembre, rubrique Ecouter 3-6 ans)