Pas facile, à 6 ans, de départager le vrai du faux ! Comment aider nos enfants à démêler la réalité de la fiction ? Comment distinguer une information documentaire d’un récit imaginaire ? C’est le travail des journalistes spécialisés de la presse jeunesse documentaire. Chaque semaine, Bayam reprend en vidéo les meilleurs dossiers publiés dans les magazines de Bayard et Milan jeunesse.


 

Criant de vérité !

Un dessin animé, c’est vrai ? Et un film avec des vrais gens, ça peut être faux ? La rédaction de Youpi, magazine documentaire pour les 5-8 ans édité par le groupe Bayard, a conscience de sa responsabilité : il n’est pas compliqué de semer le doute dans la tête d’un jeune enfant. Il incombe donc à l’équipe de convaincre ses jeunes lecteurs que « si c’est dans Youpi, c’est que c’est vrai », explique le rédacteur en chef, Bertrand Fichou. Pour cela, les mots d’ordre sont : précision, exactitude, clarté – le tout sans perdre de vue les enfants de six ans. Cela passe par des contraintes narratives et visuelles.

Elle est vraie, cette histoire ?

Pour évoquer un événement ou une période historique, la rédaction n’a pas recours à des animaux anthropomorphisés. Au contraire, les détails des vêtements et de décors sont précis et vérifiés. Les récits historiques sont écrits au passé et non au présent de narration pour qu’il n’y ait aucune confusion, surtout à un âge où on commence tout juste à apprendre les temps grammaticaux. « On répète beaucoup, on abuse des repères, détaille Bertrand Fichou : lieux, dates, périodes… On ne fait pas léger, on fait clair. » Ces précisions doivent demeurer compréhensibles. « Avant la Révolution industrielle » ne dit rien à un élève de CP. Et comme la notion de temps est encore floue à cet âge-là, on ne recule pas devant la redondance : « En 1789, il y a plus de 300 ans… »

Et cet animal, il existe ?

Pour les pages documentaires présentant des animaux, la rédaction met un point d’honneur à ne pas les faire parler : pas de bulle « Maman, j’ai faim » au-dessus de l’agneau qui vient de naître. « Il est important que l’auteur du documentaire reste le locuteur et le sachant. » Ils n’hésitent pas à utiliser de termes compliqués. « On donne le vocabulaire : pédoncule, sépale… Ces mots donnent toute la richesse de la fleur, et permettent de l’observer plus attentivement. » Autant de mots qui parviennent ensuite aux oreilles des adultes — Hein ? Comment tu sais ça, toi ? — et mettent l’entourage en mouvement : « Nos pages suscitent des questions, des discussions. Quand un petit interroge sur la préhistoire ou sur les satellites, si les parents ou l’enseignant ne savent pas répondre, ils vont chercher ! Alors que quand c’est de la fiction, la discussion s’arrête vite : “Ça n’existe pas !” » Et de mentionner, encore ému, le « plus beau compliment » qu’ait reçu la rédaction, de la part d’une jeune lectrice : « Au moins, dans Youpi, ils nous parlent pas comme si on était bête. »

Anne Bideault