À l’occasion de la Journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école, le 9 novembre, nous avons rencontré Axelle Desaint, directrice d’Internet Sans Crainte, programme national de sensibilisation des jeunes au numérique. Elle nous partage des conseils pour permettre aux parents de combattre et prévenir efficacement ce nouveau fléau.

Qu’est-ce que le cyberharcèlement ? 

Axelle Desaint : Le cyberharcèlement peut se concrétiser dans un espace numérique mais aussi à travers des communications en ligne sur les réseaux sociaux et des sites de messageries en ligne ou même par SMS. Il est souvent lié à une situation de harcèlement dans la vie réelle,  qui se poursuit dans les espaces en ligne. Ce type de harcèlement est généralement pratiqué par des personnes que la victime connaît et croise régulièrement. Il est particulièrement dangereux car c’est quelque chose de permanent auquel on ne peut pas échapper une fois rentré à la maison.

Son impact peut également être décuplé avec les fonctionnalités de partage qui, en quelques clics, peuvent rendre le contenu sensible visible par un très grand nombre de personnes. Enfin, c’est également une forme de violence plus facile à pratiquer. Pour un enfant, relayer ou participer à ce type de violence en ligne peut paraître anodin car on est pas en face de la personne. On a donc plus de mal à comprendre l’impact des mots, insultes ou images partagés.

À quel âge commence le cyberharcèlement ?

A.D. : Le risque de cyberharcèlement débute dès que les enfants commencent à avoir des usages numériques.

L’accès de plus en plus tôt aux smartphones et/ou à internet fait peser une menace lourde sur les plus jeunes qui sont exposés dès le primaire à ces risques.

Souvent, les parents méconnaissent ces réalités. C’est pourquoi il est impératif de leur apprendre à exercer une surveillance attentive dès les premiers pas de leurs enfants en ligne.

Comment prévenir ce fléau ? 

A.D. : Nous encourageons les parents à dialoguer ouvertement avec leurs enfants pour leur faire comprendre ce qu’est le cyberharcèlement. Il est essentiel de leur expliquer les diverses formes que peut prendre le harcèlement en ligne et ses impacts sur la vie réelle. Les parents doivent rappeler des règles de bon sens : respect de la vie privée, interdiction des insultes en ligne et sensibilisation aux conséquences légales du harcèlement en ligne. Par exemple, si l’auteur est un mineur de plus de 13 ans et que la victime a moins de 15 ans, il risque 18 mois de prison et 7 500 € d’amende. Pour la mise en ligne d’images intimes d’une autre personne sans son consentement, la peine est de 2 ans de prison et 60 000 € d’amende.

Il est important d’aider les enfants à comprendre qu’ils peuvent être victimes de violences en ligne mais aussi de prévenir des comportements agressifs dont ils pourraient être les auteurs. Les parents ont un rôle actif à jouer dans cette prévention en supervisant les activités en ligne de leurs enfants et en les encourageant  à signaler tout incident. Sur le site Internet Sans Crainte, nous leur offrons des outils pour pouvoir encourager ce dialogue parents-enfants et libérer la parole en cas de problèmes. Trop souvent, les victimes se sentent coupables, ce qui les pousse à garder le silence.

Nous partageons également des ressources pour aider les parents à paramétrer les réseaux sociaux. Nous expliquons notamment dans un de nos guides qu’il est possible de filtrer des commentaires, de décider qu’un commentaire n’apparait pas sans être vu, ou de ne pas faire apparaître les commentaires incluant certains mot clefs.

En savoir plus

Comment repérer une situation de cyberharcèlement chez son enfant ?

A.D. : Il faut garder en tête que les parents sont souvent la dernière personne à qui les enfants oseront parler. Un changement de comportement tel qu’une perte d’appétit, le rejet des outils numériques ou la peur d’aller à l’école peuvent être des signes, mais il est surtout important d’inciter nos enfants à dénoncer les actes dont ils sont spectateurs et à ne pas rester silencieux face à des situations qui peuvent avoir des conséquences très graves, pouvant aller jusqu’au suicide d’un enfant.

Comment aider un enfant victime de cyberharcèlement ? 

A.D. : Si vous constatez que votre enfant ou un proche est victime de cyberharcèlement, il est essentiel de l’encourager à parler ouvertement, de l’inciter à ne pas garder ses problèmes pour lui et à signaler tout incident. Il est également important de conserver des preuves, comme des captures d’écran ou des messages, qui peuvent aider à identifier les personnes responsables du harcèlement. Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide aux équipes éducatives, qui connaissent et identifient souvent mieux la source du problème que les parents. Il y a aussi le numéro 3018 : une ligne d’assistance pour le harcèlement en ligne. Cet outil est précieux pour orienter les victimes vers les bonnes ressources et les soutenir pendant cette épreuve.

 

Comment parler de cyberharcèlement aux enfants sans les angoisser ?

A.D. : Une des meilleures occasions d’évoquer les risques du cyberharcèlement avec nos enfants est le moment où l’on décide de les équiper d’un smartphone ou de les inscrire sur les réseaux sociaux. C’est un moment crucial dans lequel il est important de les informer des risques encourus et de la responsabilité que cela implique. Sur notre site, nous proposons également une vidéo intitulée “Agir contre le cyberharcèlement”, qui peut servir de support pour sensibiliser les enfants è ces risques. Nous proposons également une vidéo de Vinz et Lou disponible sur notre site et sur BayaM qui permet d’aborder le sujet à travers une mise en situation.

Lire aussi : La série Vinz et Lou sensibilise les enfants aux bonnes pratiques sur internet 

Il y a-t-il des mesures concrètes à prendre pour éviter ces situations ?

A.D. : Pour minimiser les risques, il est indispensable de respecter quelques règles de base : pas de smartphone avant l’entrée au collège, pas d’inscription sur les réseaux sociaux avant 13 ans, et l’inscription sur les réseaux sociaux avant 15 ans doit se faire obligatoirement avec un adulte. N’hésitez pas à aller consulter notre site internet sans crainte pour plus de précisions.

Propos recueillis par BayaM

Lire aussi : Une série pour aider les enfants à faire reculer la violence ! 


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