A partir du 13 janvier, retrouvez dans Bayam Chouette, pas chouette ! : une série animée de 16 épisodes courts qui sensibilisent les enfants à la lutte contre le sexisme ordinaire, dès la maternelle et jusqu’à la 6ème. Aux manettes, un trio de scénaristes et réalisateurs, Franck Salomé, Nicolas Sedel et Fernando Worce. L’illustratrice Sandrine Acquistapace a mis leurs idées en images. Ensemble, ils reviennent sur les coulisses de ce travail.
Le sexisme… pas facile ! Comment aborde-t-on une telle thématique pour un public si jeune ?
Nous avons déjà beaucoup travaillé pour les enfants sur des sujets « citoyens », comme le respect, les différences, le handicap… Nous avons donc abordé le thème du sexisme selon le même principe, qui constitue notre marque de fabrique : l’empathie et le respect. Dans nos scénarios, nous cherchons toujours à amener le spectateur à se mettre à la place de l’autre, à vivre la scène à sa place.
Ça nous semble bien plus efficace qu’une leçon de morale expliquée par un adulte ! On ne veut être ni le prof, ni le parent, ni le grand frère, mais juste questionner l’enfant : « Et toi, qu’est-ce que tu en penses ? » Le but n’était pas de dire « untel a tort, untel a raison », mais plutôt « chacun a le droit d’avoir son idée ».
Découvrir gratuitement sur Bayam
Dans ces seize épisodes, on note aussi beaucoup d’humour…
Rappelons que le concept initial était formulé ainsi : « Les violences faites aux femmes, pour les 3-6 ans »… En recevant ça, on s’était dit : « Wooo ! Comment emmener ça vers quelque chose qui soit amusant pour, ensuite, faire réfléchir les enfants ? » Le style graphique de Sandrine Acquistapace a été une réponse : il apporte beaucoup de légèreté.
Pour contourner la stigmatisation de tout groupe social et permettre le décalage humoristique, nous nous sommes orientés vers des personnages animaux, dont les prénoms sont tous des syllabes doublées. Kiki mouton, Toto goéland, Lulu hibou, Wawa chihuahua, etc. La spécificité évidente de chaque personnage accentue l’idée qu’on doit accepter les différences de chacun. Il ne manque que le cheval parce que… Sandrine n’aime pas dessiner les équidés.
A-t-on déjà des stéréotypes sexistes en tête à 4 ans ? Peut-on déconstruire quelque chose qui n’est pas vraiment construit ?
Autant ne pas commencer à construire certaines représentations, certaines idées reçues ! Chez les plus jeunes, les stéréotypes ne sont pas formulés, mais ils se sédimentent et s’intègrent – même si, à la maison, les parents sont vigilants. Ainsi, dans les écoles, très tôt, les filles n’occupent pas le centre de la cour de récréation, qu’elles laissent aux garçons.
Une fille, ça peut pas jouer au foot, un garçon, ça ne pleure pas !
Pour concevoir les histoires, nous nous sommes appuyés sur l’expertise de deux partenaires : le Centre pour l’Éducation aux Médias et à l’Information (CLEMI), un service de l’Éducation Nationale, et le collectif féministe Les Chiennes de Garde. Grâce à eux, à nos observations et à nos souvenirs d’enfance, nous avons imaginé des scènes au plus près du quotidien des enfants.
Comment sait-on qu’on a touché juste, avec un tel public ?
C’est difficile ! Si on le savait… Au-delà des seuls chiffres d’audience, nous sommes impatients d’avoir les retours des enseignants et c’est une chance de bénéficier d’une telle exposition à l’école et à la maison. Dans nos métiers, on a rarement des remontées qualitatives. Si les enfants rigolent, s’ils en parlent, ce sera gagné ! Même si un enfant dit « Ça ne se passe pas du tout comme ça dans mon école ! », le fait que le thème abordé devienne un sujet d’échange est bénéfique, en classe ou en famille.
D’autant qu’en 1 min 30, on n’a pas le temps de nuancer. Prenons l’affirmation « Le foot, c’est pas pour les filles ». Bien sûr que certaines filles jouent au foot et vont le dire. Mais dans cette phrase, les mots qui posent problème sont : « c’est pas pour ». Peut-on assigner quelqu’un à une tâche ou une activité en raison de son sexe ? C’est ça la question ! Et peut-être que des enfants vont contredire leurs parents, en disant « J’vois pas pourquoi je ne ferais pas de foot, je ne vois pas pourquoi je ne ferais pas de danse ! »
Propos recueillis par Anne Bideault
Crédits : Chouette, pas chouette ! ©2 Minutes / Gaumont – 2021.
Pour aller plus loin
Chouette, pas chouette ! est une initiative de la fondation Make.org dans le cadre de la campagne « Stop aux violences faites aux femmes ». Produite par 2 Minutes avec Gaumont, la série a pour objectif de sensibiliser, chaque année, 80% des enfants de 4 à 6 ans à la lutte contre le sexisme ordinaire grâce à un programme jeunesse diffusé par toutes les grandes chaînes de télévision, et à des kits pédagogiques pour les enseignants. En savoir plus sur la série Chouette, pas chouette !.
Lire aussi l’article de Bayard Education sur l’utilisation de la série Chouette, pas chouette ! en classe. Télécharger le livret pédagogique réalisé par le CLEMI.
Liste des épisodes de Chouette, pas chouette ! :
-
EPISODE 1 – LE ROSE
Kiki, tu trouverais chouette qu’on te dise quelle couleur tu dois aimer ?
Ta couleur, c’est celle que tu aimes et puis c’est tout!
-
EPISODE 2 – LA FOOTBALLEUSE
Dis Toto, tu trouverais ça chouette, toi, qu’on te dise que tu ne peux pas jouer au foot?
Et oui, ton sport favori, c’est toi qui le choisis!
-
EPISODE 3 – LA PILOTE
Hé Kiki ! Tu trouverais chouette qu’on ne te laisse pas choisir ton métier ?
Et oui, les métiers de fille, ça n’existe pas, il y a juste le métier qui te plaît à toi !
-
EPISODE 4 – LA CASSE-COU
Nono ! Tu trouverais chouette qu’on te dise « ça, ce n’est pas pour toi » sans te demander ton avis ?
Et oui, les activités interdites aux filles, ça n’existe pas !
-
EPISODE 5 – LA CHEVALIERE
Dis, Wawa, tu trouverais ça chouette toi, qu’on décide à ta place quel rôle tu dois jouer ?
Quand tu t’amuses, c’est toi qui choisis à quoi tu joues !
-
EPISODE 6 – LE DANSEUR
Eh Nono ! Tu trouverais ça chouette, toi, qu’on te dise que ce que tu fais ce n’est que pour les filles ?
Et oui, ça n’existe pas les activités que pour les filles !
-
EPISODE 7 – L’EMOTIF
Baba, tu trouverais chouette qu’on te dise que tu n’as pas le droit de pleurer ?
Et oui ! On a toujours le droit de montrer ses émotions !
-
EPISODE 8 – LA COUR DE RECRE
Dis donc Fafa, tu trouverais ça chouette toi qu’on te dise où tu dois jouer ou pas ?
Et oui, le centre de la cour est à tout le monde !
-
EPISODE 9 – LES CHEVEUX LONGS
Dis Fafa ! Tu es certain que les cheveux longs, c’est réservé aux filles?
Et oui, les cheveux longs, ça va aussi aux garçons !
-
EPISODE 10 – LA BRUYANTE
Dis Toto ! Tu trouverais ça chouette toi qu’on te dise que tu ne dois pas te faire remarquer ?
On a tous le droit de se faire remarquer ! Et même si ça fait du bruit ! Enfin… pas trop quand même !
-
EPISODE 11 – LA CHEFFE
Eh, Toto, tu trouverais ça chouette qu’on te dise que tu ne peux pas être chef parce que tu es un garçon ?
Et oui, une fille aussi peut être cheffe !
-
EPISODE 12 – LE TROUILLARD
Dis, Nono ! Tu trouverais ça chouette qu’on se moque de toi parce que tu as peur ?
Et oui ! Fille ou garçon, il n’y a jamais de honte à avoir peur !
-
EPISODE 13 – LA LICORNE
Dis Jaja, tu trouverais chouette, toi, qu’on te dise ce que tu as le droit d’aimer ou pas ?
Tu as le droit d’aimer ce que tu veux !
-
EPISODE 14 – LA MEILLEURE AMIE
Dis, Toto, tu trouverais ça chouette qu’on te dise avec qui tu peux être copain ou pas ?
Tes meilleurs amis, c’est toi qui les choisis !
-
EPISODE 15 – LA COQUETTE
Dis donc, Baba, tu trouverais ça chouette, toi, qu’on te dise à quoi tu dois ressembler?
Et oui ! Une fille se maquille si elle veut et s’habille comme elle veut !
-
EPISODE 16 – LA BRICOLEUSE
Dis, Wawa ! Tu trouves ça chouette de refuser que Lulu essaye de réparer ton vélo juste parce qu’elle est une fille ?
Et oui ! Le bricolage, c’est aussi une affaire de fille !
Retrouvez les 16 épisodes de la série « Chouette, pas chouette ! » dans la version gratuite de Bayam ou abonnez-vous pour bénéficier de Bayam Premium (rubrique Regarder, dès 3 ans).*
*Un accès illimité à tous les contenus et à toutes les fonctionnalités : chronomètre, messagerie familiale, 6 profils en simultané. Offre sans engagement.