Les fêtes des mères et des pères approchent. Avec plus ou moins de discrétion, et beaucoup de jubilation, les enfants réfléchissent comment faire plaisir à leurs parents. Cartons, papier, ciseaux, colle… à la maison, à l’école, ça bricole ! Comment accompagner cet emballement créatif ?
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Le marque-page photo, un bricolage de la série Les Bricos d’Elvis, © Milan presse – Petites Mains, mai 2016
C’est gratifiant !
Marie-Edith Taurand coordonne les tutoriels en vidéo et le hors-série « Petites Mains », qui propose des petits bricolages accessibles aux enfants, réalisables avec des objets du quotidien. Elle confirme que les fêtes des pères et des mères est l’occasion d’une « agitation créative très marquée » : « la motivation des enfants est immense ! Ils peuvent y passer des heures. » Réaliser de ses mains un cadeau a des vertus qui vont bien au-delà de la motricité fine et de l’habileté requises. L’enfant tâche de se mettre à la place de la personne à qui il va l’offrir, est attentif à ses goûts, choisit des couleurs dont il suppose qu’elles sont « ses préférées »… La réalisation, unique, a une grande valeur à ses yeux, il en est fier.
C’est moi qui l’ai fait !
Chez certains, les idées jaillissent seules. D’autres sont rassurés de suivre un modèle – qui peut être intimidant : certains veulent faire « comme sur la photo », et sont déçus de ne pas y parvenir. Or il est primordial, pour Marie-Edith Taurand, que l’enfant ne soit pas mis en échec sur une activité créative. Pour cette raison, elle fait figurer sur ses tutoriels l’âge requis, la nécessité ou non de se faire aider d’un adulte, et des variantes simplifiées. Le rôle des adultes n’est pas tant de faire à la place, mais de rassurer, d’encourager, et de dire parfois : « c’est pas grave, on va refaire. »
Savoir complimenter
Quel que soit le résultat, il est essentiel de marquer son appréciation, de faire comprendre à l’enfant qu’on est touché par le temps et l’intention qu’il y a mis. La créativité de trop d’enfants (et d’adultes) a été paralysée par le commentaire dépréciatif d’un camarade, d’un frère ou d’une sœur, d’un adulte. Si, au premier coup d’œil, vous n’êtes pas sûr qu’il s’agisse d’un bateau ou d’un avion, contentez-vous de décrire : « Je vois que tu as mis du rouge, là, et tu sais que j’aime beaucoup cette couleur »… Les explications viendront vous ouvrir les yeux ! Les enfants eux-mêmes, souvent, ne sont pas dupes de la qualité de leur réalisation, et en soulignent les défauts. On peut alors rebondir : « Qu’est-ce que tu aurais aimé faire différemment ? Comment aurais-tu pu t’y prendre ? Tu aimerais réessayer ? » Marie-Edith Taurand le martèle : « Il n’y a pas de mauvais bricoleur, il n’y a que des gens qui n’ont pas essayé ou qui ont été étiquetés trop vite par des formules terribles comme ‘il a deux mains gauches’. »
Un bagage pour l’avenir
Marie-Edith Tauraud constate que l’entrée dans les apprentissages scolaires marquent souvent une bascule : la créativité innée des petits s’assèche, se normalise. Or, concevoir, bricoler, construire quelque chose de ses mains, on le sait, décuple l’imaginaire, déploie l’intellect et le sens pratique. La créativité est d’ailleurs très valorisée et recherchée dans le monde du travail actuel. « Le rôle des parents, pour moi, serait donc de faire perdurer la créativité enfantine. » Mettez donc votre poubelle de recyclage à la disposition des enfants !
Anne Bideault
Retrouvez les vidéos des Bricos d’Elvis sur Bayam.