V’là le printemps, le Printemps des poètes, avec Bayam ! Dessin animé et poème, voici une association surprenante… La série « En sortant de l’école » réussit la prouesse de proposer au jeune public des textes poétiques dans des courts-métrages vivants.
La saison consacrée à Verlaine est en préparation. Celle qui met en scène des textes de Jean Tardieu sera bientôt diffusée. Les années précédentes ont permis de mettre en images Eluard, Claude Roy, Robert Desnos… La déjà riche série « En sortant de l’école » doit son existence au hasard des envies et des rencontres. « Je déplorais l’incapacité de la télévision à faire sens pour les enfants, se souvient sa productrice, Delphine Maury. Je me questionnais : l’animation peut-elle donner corps à des concepts ? Pourrait-on animer des courts textes de philosophie et les rendre plus intelligibles ? J’ai eu la chance de faire la connaissance de la petite-fille de Jacques Prévert et d’en discuter avec elle. À ma grande surprise, elle m’a dit : “Pourquoi ne pas essayer avec des textes de mon grand-père ?” C’était parti ! » Il s’est agi alors d’éclairer les mots des poètes par une lecture artistique.
Quelle entente entre la poésie et l’image ?
« Il y a un mariage assez organique entre poésie et animation, constate Delphine Maury : ce sont deux langages symboliques. » De fait, l’animation permet de donner corps à des aspects de la poésie qui prennent rarement forme visuellement. « La magie de l’animation, souligne la productrice, c’est aussi qu’elle permet les ellipses. La poésie est là pour poser des questions, pas pour donner des réponses. Et les grands spécialistes de ces questions sans réponses, ce sont les enfants. Chaque texte porte une part de mystère et les enfants en récupèrent ce qu’ils veulent. Certains entrent par les images puis accèdent au texte après. Ils ont parfois si bien intégré le sens du texte qu’ils le connaissent par cœur. » Message pour les grandes personnes : ces brefs films ne sont pas réservés aux enfants !
Une porte ouverte à la poésie
On l’aura noté, il y a trois allusions dans le titre « En sortant de l’école ». Bien sûr, c’est un clin d’œil au texte de Prévert. Cela souligne aussi le fait que l’équipe ait décidé de faire appel à de tout jeunes réalisateurs, fraîchement sortis de l’école, en leur donnant la chance de mener de bout en bout la réalisation du court-métrage. Enfin, le film d’animation permet un accès à la poésie différent de ce qui s’est longtemps fait dans les écoles : l’apprentissage par cœur, la récitation. Adoubée par le ministère de l’Éducation nationale, la série fait désormais partie du dispositif « école et cinéma », et beaucoup d’enseignants s’en emparent, notamment dans les classes de grande section, CP et CE1. Par ce biais, la poésie buissonnière retourne à l’école, et c’est tant mieux !
Anne Bideault