Colère, tristesse, excitation, joie, crainte… pas facile de reconnaître et de parler de ses émotions. S’y exercer permet de les apprivoiser et de les accepter plus facilement. Pour soi et pour les autres. La professeure des écoles Myriam Deschanel nous en parle…

Mes p’tits pourquoi, Comment monte la colère ? © Milan Presse

Les émotions, tout un programme !

Ils ont tout juste 6 ans, ils viennent d’entrer en CP. Pour apprendre à lire et à écrire, bien sûr, mais aussi pour partir à la découverte des émotions qui les traversent. Un apprentissage tout aussi essentiel aux yeux de la professeure des écoles Myriam Deschanel.

Enseignante dans une école élémentaire publique du Rhône, elle y entraîne ses élèves tout au long de l’année scolaire, se conformant en cela aux programmes de l’Éducation nationale qui stipulent depuis 2015 que le travail sur “l’expression, l’identification, la mise en mots et la discussion des émotions et des sentiments” vise à “l’acquisition d’une conscience morale”.

Couleurs et météo intérieure

Dès les premiers jours de classe, la maîtresse a présenté à ses nouveaux élèves quelques-uns de ses nombreux outils.

“À cet âge-là, ils sont encore hyper impulsifs, aussi bien dans la colère que dans le chagrin ou la joie. Au début, je travaille de façon très imagée et symbolique, avec des objets et des couleurs.”

Ainsi, Simon est entré en classe énervé, furieux même : il ne maîtrise pas la gradation, mais il a su rapidement dire qu’il était “très très rouge” ! Élisa, triste d’avoir quitté sa maman au portail, a choisi dans la “caisse à émotions” une image de bulle. Elle l’a posée bien en évidence sur son bureau pour manifester son chagrin aux yeux de tous. Un “baromètre des émotions” est affiché dans la classe. Chacun peut y placer une étiquette correspondant à son humeur du moment.

Qu’est-ce que ça change ?

“Pour certains, c’est phénoménal ! Une fois qu’ils m’ont signifié ce qu’ils ressentent, ils passent à autre chose.” Chaque semaine, elle organise des cercles de parole pour mettre des mots sur ces sentiments… et démêler les histoires de la récréation. Dès la fin du premier trimestre, elle en mesure les bénéfices.

“Ils prennent l’habitude d’exprimer ce qu’ils ressentent, de se mettre à la place des autres. Les relations sont plus fluides !”

Et quand ce travail de verbalisation se poursuit dans les familles, c’est encore mieux ! La playlist “Émotions” proposée cette semaine par Bayam, l’application des enfants de 3 à 10 ans, est une bonne introduction pour apprivoiser les émotions en douceur. Et vous aurez peut-être la surprise, comme les parents de Mia, d’entendre votre enfant déclarer : “Je sens que je vais être en colère, je vais taper sur les coussins du canapé.” Un exemple à suivre… y compris pour les parents !

Anne Bideault


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