Mateja Bizjak Petit présente “Oh ! la la”, un spectacle en exclusivité sur Bayam

Pourriez-vous nous présenter cette pièce en quelques mots ?

Mateja Bizjak Petit : Oh ! la la est un voyage dans l’imaginaire d’un personnage qui construit, joue, chante et réfléchit, entraînant avec lui le spectateur comme un camarade de jeu… C’est un spectacle tendre et pétillant, ironique et profond, joyeux et sensible, où l’on compte sur ses doigts à sa manière, et sur ses proches plus fort que jamais.

Un spectacle qui laisse entrevoir ce qu’il y a dans la tête des petits et des grands enfants…

Comment est né ce spectacle ?

M.B.P. : Il s’agit au départ d’une commande du Théâtre de la ville de Rijeka (Croatie), dans le cadre de la nomination de la cité en tant que Capitale européenne de la culture 2020. Le théâtre a fait appel à moi afin de proposer un spectacle tournant autour de l’univers de deux auteurs français internationaux.

J’ai tout de suite pensé à Hervé Tullet et Bernard Friot, dont je respecte énormément les idées : ils partagent avec moi cette philosophie selon laquelle l’imagination est source de joie chez les gens. J’avais envie de partir de cette idée pour créer un spectacle à la fois adressé aux tout-petits, mais aussi familial.

Comment vous est venue l’idée d’utiliser les décors de “l’Expo idéale” d’Hervé Tullet ?

M.B.P. : Suite à nos précédentes collaborations avec Hervé Tullet autour du spectacle Turlututu (2014) et des expositions Jeux de notes, Jeu de sculpture et Blop ! (2013), nous avions envie de relever un nouveau défi : créer une nouvelle forme de spectacle s’inspirant de ses projets et expériences artistiques récentes. “L’Expo idéale”, qui encourage le langage et le processus artistique, nous semblait tout indiquée.

Comment s’est déroulée la collaboration avec l’auteur et poète Bernard Friot ?

M.B.P. :  C’est en travaillant sur la proposition d’Hervé Tullet que l’idée de faire appel à Bernard Friot est venue. Bernard et moi partagions depuis un certain temps déjà cette envie de créer un spectacle ensemble.
Nous avions déjà collaboré autour de son exposition Des trous dans le vent, coproduite par le Centre de Créations pour l’Enfance de Tinqueux et les éditions Milan. Bernard a également édité un texte, De zéro à neuf, dans notre collection de poésie contemporaine Petit VA ! Le texte proposé par Bernard pour Oh ! la la a été spécialement commandé pour le spectacle.

Votre spectacle est accessible dès 4 ans, quel est votre secret pour capter l’attention de spectateurs si jeunes ?

M.B.P. :  Le véritable secret est que l’enfant est un grand observateur. Aucun des plus petits détails ne lui échappe. Ce spectacle est basé sur la connaissance des capacités de concentration des enfants, qui ne sont jamais minimisées.

Plusieurs pistes de lecture sont proposées dans la dramaturgie afin que le jeune spectateur, ou le plus grand d’ailleurs, puisse à tout moment laisser son attention basculer de l’une à l’autre (la musique, le texte, les marionnettes, le décor…).

Une flopée d’informations minimalistes sont envoyées de cette façon tout au long du spectacle pour occuper les capteurs de l’enfant. Le rythme est certes lent, mais dense : il n’excite pas, il stimule.

Poésie, théâtre, arts plastiques, marionnettes, votre spectacle réunit plusieurs disciplines. Cela traduit-il une volonté de vouloir abattre les frontières entre les arts ?

M.B.P. :  Comment cela pourrait-il ne pas être le cas ! Il s’agit également de permettre à chaque enfant de trouver la porte d’entrée qui lui convient dans le spectacle : une entrée dans l’univers de chacun des artistes impliqués, qui sera déployée tout au long du spectacle, au travers de sa propre histoire. Une manière de sortir de la narration linéaire…

Comment votre pièce a-t-elle été reçue par les premiers spectateurs ?

M.B.P. :  Nous avons testé Oh ! la la auprès d’enfants d’écoles maternelles, primaires, centres de loisirs… À chaque fois, les accompagnateurs furent surpris d’une telle attention de la part des jeunes spectateurs. Ce qui nous amuse le plus : entendre leurs réactions et interprétations à la fin de la pièce. Les enfants, parfois, emmènent le spectacle plus loin encore que ce que l’on a imaginé…

Vous êtes nés en Slovénie et continuez à écrire et travailler dans plusieurs langues. Cette double culture vous donne-t-elle envie d’aborder l’apprentissage des langues et de la culture autrement ?

M.B.P. :  Comme je le disais, le spectacle est à l’origine une commande du Théâtre de Rijeka, dans un cadre de représentation d’une culture européenne. Cette question de la double culture est donc présente à l’origine même de ce spectacle.

Qui dit spectacle pour les tout-petits dit également langage universel : le jeu est un langage commun, que les enfants du monde entier partagent.

Pour preuve : quand deux enfants étrangers se rencontrent, ils n’ont aucun mal à jouer ensemble. Pour nous adresser aux enfants avec le plus d’ouverture possible, il nous fallait être au plus près de ce langage universel. Nous avons donc confronté le jeu de professionnels de trois pays – France, Croatie, Slovénie – afin de trouver cette langue commune. Chacun apporte ses points forts et enrichit la globalité.

Avez-vous des conseils à donner aux parents qui souhaitent regarder la pièce avec leurs enfants ?

M.B.P. :  Laissez-vous faire ! Installez-vous confortablement au fond de votre canapé, regardez le spectacle et imaginez votre propre expo idéale… Et surtout, continuez à jouer ensemble une fois l’écran fermé !